10 mars 2013

MEMOIRES DE CASTELBOUC © - Suite 13

Part. 13
DEPENDANCE ET SOUMISSION

LES PAYSANS DU XIème SIECLE

Le pouvoir seigneurial repose donc sur ceux qui ne sont pas armés : les vilains ou les manants. Pour eux, entrer en dépendance personnelle, "appartenir" à un autre homme, signifie obéir à tous ses ordres, tomber dans une étroite sujétion héréditaire dont il n'est plus possible de se dégager.
Ce sont ceux que le sire exploite, par l'intermédiaire de ses prêvots, de ses forestiers ou de tout autre "délégué" qui très souvent font fortune en outrepassant leurs droits. 
En cas de danger, la participation des paysans à la défense est pratiquement inexistante ou du moins pas directement : là il s'agit pour eux de livrer le ravitaillement pour la garnison du château, notamment le foin et l'avoine pour les chevaux. Le reste du temps, ils sont quelquefois employés à la réfection périodique du château. 
Mais, le plus souvent, leurs corvées sont tournées vers les labours du châtelain.

Sur les vilains règne aussi, stricte et prompte à s'exercer, la justice du seigneur ; des amendes en deniers dont le montant est fixé par l'usage en un code barbare et sans nuances (sept sous pour un coup quel qu'il soit, mais soixante si le sang a coulé, que la blessure soit grave ou non) font passer dans le coffre du sire quelques pièces de monnaie de l'épargne paysanne. 
Si le coupable ne peut s'acquitter, il y est contraint par l'emprisonnement. Quant aux crimes graves, ils placent leurs auteurs à la merci du châtelain qui peut confisquer "tous" leurs biens et leur infliger des châtiments corporels (mutilation de la main coupable) ou la mort : le gibet ou "fourche patibulaire" est un autre symbole de la puissance supérieure.
  A CASTELBOUC, ils étaient installés en haut du "Valat d'Orcivel". Imaginons un instant ces machines de la Mort, se découpant dans le ciel au dessus de cet immense rocher au pied duquel devaient être jetés les corps des malheureux !!.
Enfin, prix de la protection qui leur est accordée, les paysans doivent au sire une "aide" matérielle. Ils lui offrent gîte quand il en a besoin. Et si le châtelain lui-même vient rarement dans la masure de ses manants manger la bouillie familiale, il fait profiter de cette pitance gratuite, les chevaliers du château, ses gens, les chiens de sa meute. 
Mais cette permission ... est souvent limitée par la coutume. 
Arbitraire au contraire est la "taille" c'est-à-dire pour le chef, le droit de prendre dans la maison des vilains ce dont il a besoin, et cela lorsqu'il le désire, bien évidemment !!.
Ainsi, au XIème siècle s'appesantit sur les paysans une seigneurie toujours plus lourde !. C'est cette contrainte qui conduit la population rurale à se rassembler pour se défendre, dans le cadre de la paroisse où s'unissent les différents hameaux. 
Autour de l'Eglise, lieu d'asile, se forme alors cette autre cellule essentielle de la campagne, la collectivité du village. Ainsi naissent les communautés villageoises...
Durant les siècles suivants, la situation paysanne n'évolue guère, au contraire, le principal souci est de survivre, d'année en année ... C'est ainsi que nous retrouvons, au XVIIIème siècle un milieu  paysan presque aussi miséreux qu'au Moyen Âge.... (1)

MEMOIRES DE CASTELBOUC ©
Christine FIRMIN

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(1) Histoire de la civilisation francaise (Moyen Age 16ème siècle) Georges Dubi et Robert Mandrou

   

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